Le compagnonnage à Lyon
13/12/14

Aux musées Gadagne, le samedi 13 décembre 2014

Conférence "Le compagnonnage dans la Grande Guerre 1914-1918"
présentée par Jean Philippon, Compagnon Cuisinier, dit Bordelais la Constance, Président des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis de Lyon

Les amopaliens se sont joints à cette conférence organisée par les Musées Gadagne.

La guerre de 1914-1918 a profondément marqué la société française au point que les historiens considèrent que le 19e siècle s’est achevé en 1914. Une rupture intervient, prélude à des transformations et bouleversements auxquels le compagnonnage n’échappe pas.

Un courant patriotique a toujours existé chez les compagnons. Les différents écrits de chansonniers le mettent en avant pour transcender les luttes et divisions entre les sociétés de compagnons. Les souvenirs évoqués par les compagnons qui ont participé aux guerres du 19e siècle, l’esprit chevaleresque toujours présent dans certains mouvements vont forger la notion de devoir comme celle d’honneur et de discipline. Ils rejoignent en cela le patriotisme exalté après la défaite de 1870 qui est largement partagé, surtout dans la France rurale, moins touchée par les mouvements internationalistes de la fin du 19e siècle.
C’est dans ce contexte qu’est créé le 20 janvier 1910  le «  Groupe fraternel compagnonnique du Devoir » destiné aux jeunes qui achèvent leur tour de France et partent au service militaire.
La tendance est alors à la fondation de groupements inter compagnonniques  dont la nécessité apparaîtra rapidement au moment de la guerre.

Dans la Grande Guerre
Dès le déclenchement de la guerre à laquelle les Français s’étaient résignés dans l’espoir qu’elle serait courte, la vie compagnonnique est perturbée.Les congrès sont annulés, les associations se mettent en sommeil mais les savoirs faire des compagnons, par exemple les maréchaux ferrants seront très utiles sur le front.
Lorsque le conflit s’enlise, les morts et les blessés parmi les compagnons vont se multiplier et les caisses de secours à destination des veuves et orphelins seront  vite épuisées.
Des journaux vont voir le jour pour garder le lien avec les compagnons mobilisés comme la «  Revue des Groupes fraternels des compagnons du devoir du Tour de France sous les drapeaux ». Ils seront sévèrement contrôlés par la censure.
La solidarité va se manifester tout au long de la guerre.

Après la guerre
Les conséquences sont terribles pour l’ensemble de la société.
Les compagnons vont  eux aussi délivrer des diplômes commémoratifs et confectionner des plaques toujours visibles aujourd’hui.
Les sociétés sont affaiblies : les caisses sont vides, les rangs clairsemés et beaucoup de métiers ne sont plus représentés.
C’est alors que se fait jour la nécessité de s’unir pour éviter la disparition du compagnonnage ;La fédération inter compagnonnique de la Seine lance un appel en 1919 pour regrouper les sociétés compagnonniques du tour de France en une Mutualité générale.
Les structures traditionnelles vont éclater, des métiers vont disparaître avec la motorisation. Les repères habituels sont bouleversés mais les compagnons s’ils se sentent plus fragiles  ressentent aussi la nécessite  de devenir plus solidaires.
Il faut valoriser les métiers et dans les années 1920 on crée le premier concours des «  Meilleurs Ouvriers de France ». Les compagnons s’investissent dans les cours professionnels, la formation des jeunes et l’apprentissage.
Il faut tourner la page des divisions et envisager un compagnonnage unifié et fédéré. C’est ainsi que les confédérations prendront le pas sur les fédérations.

Les traces de la grande guerre s’effacent dans la société  contemporaine comme dans le compagnonnage et la réconciliation des peuples européens est en marche. Mais la grande guerre doit rester pour les jeunes compagnons d’aujourd’hui le moment où les prémices du compagnonnage d’aujourd’hui sont apparues. Les compagnons morts pour la France restant vivants dans le temple de la mémoire.

Visite de l’exposition "La recherche de l’excellence
Le compagnonnage à Lyon de ses origines mythiques à nos jours jours"

Jean Philippon a ensuite guidé les amopaliens au sein de cette exposition qui s’est tenue du 24 avril 2015 au 4 janvier 2015 aux musées Gadagne.
Cette exposition est réalisée en partenariat avec la Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment, l’Union compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs unis et l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France.

Nous avons pu ainsi découvrir l’univers des compagnons qui s’est constitué sur les chantiers des cathédrales du Moyen-Âge sous le patronage de trois pères fondateurs mythiques : Salomon, Maître Jacques et Père Soubise, leurs vies et leurs conditions d’existence. À Lyon, ce sont autour des secteurs de l’imprimerie et, déjà, de la soie, que se sont formées les premières associations. Nous avons pu admirer leurs attributs : cannes et couleurs portées en écharpe, sur le chapeau ou à la boutonnière. Les coloris permettent de distinguer les grades, aspirant, compagnon reçu ou fini, ou le secteur d’activité (vert pour le cuir, rouge pour le fer, blanc pour la pierre…). Nous avons pu également contempler leurs chefs-d’œuvre et découvrir aux travers des documents d’époque leur très forte implication dans la vie politique et économique française.

Aujourd’hui, fédérant un peu plus de 12 000 compagnons, rassemblant une centaine de métiers, regroupés autour de trois mouvements compagnonniques, ils sont un acteur essentiel de la formation professionnelle et demeurent encore des passeurs de savoir-faire et des artisans innovants.

Il est à noter que le compagnonnage est  inscrit à l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, en tant que « réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier ».

Les amopaliens présents durant cet après midi remercient une nouvelle fois Jean Philippon pour sa disponibilité, sa grande connaissance du compagnonnage et la qualité de ses explications.

 Résumés Jacqueline Dauphin et Jean-Marie Pallier

  • Jean Philippon

    Jean Philippon

  • Diapo 1

    Diapo 1

  • Diapo 2

    Diapo 2

  • Diapo 3

    Diapo 3

  • Diapo 4

    Diapo 4

  • Diapo 5

    Diapo 5

  • Diapo 6

    Diapo 6

  • L'assistance

    L'assistance