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Voyage à Berlin, Potsdam et Dresde
07/09/17
Après le voyage dans une Autriche plongée l’an passé dans les affres d’une élection présidentielle difficile, après notre propre élection présidentielle, l’AMOPA nous a conduits cette année en Allemagne, à la veille des élections législatives : choix passionnant tant par ses aspects actuels dont l’avenir de l’Europe n’est pas le moindre, que par l’enrichissement culturel qu’il nous a apporté. Car l’histoire allemande est tant liée pour le meilleur et dans le passé aussi pour le pire à la nôtre que chaque jour était une source de réflexions et d’échanges. Le choix de ces deux villes ajoutait à la qualité du voyage : situées, l’une, Dresde complètement dans l’ancienne Allemagne de l’Est et l’autre, Berlin coupée en deux parties hostiles par la balafre du mur : elles témoignaient toutes deux du traumatisme qu’est encore pour la conscience allemande cette longue séparation, fruit de la guerre froide. Au visiteur attentif d’observer comment le passé a façonné ces cités et comment l’Allemagne actuelle agit pour construire l’avenir.
Un mot sur la qualité du voyage : les choix de l’avion, d’une accompagnatrice unique pour tout le voyage, d’autant plus intéressante que née en ex-Allemagne de l’Est et de parents originaires de Silésie, terre redevenue polonaise après 1945, et d’hôtels situés en pleine ville, nous ont rendu le séjour très confortable et très agréable à tous les points de vue.
A la capitale l’honneur : nous avons commencé par Berlin qui ne redevint la capitale fédérale qu’après la réunification et non sans un long débat, Bonn exigeant de garder des services fédéraux. La partie occidentale fut rebâtie durant la guerre froide comme vitrine de l’Ouest avec commerces pimpants, lieux intellectuels et restaurants. L’église dite du souvenir car édifiée à la fin du XIXe siècle à la mémoire de l’empereur Guillaume Ier, mutilée par les bombes a été conservée en l’état, flanquée d’une tour moderne, comme appel douloureux à la paix.
Le parlement, l’ancien Reichstag, devenu le Bundestag, était avec la porte de Brandebourg au milieu de la frontière : il a été doté par l’architecte Foster d’une magnifique coupole d’où l’on peut admirer toute la cité et, d’abord, la chancellerie très lumineuse. L’avenue Unter den Linden, lieu de prestige jusqu’en 1939 avec ambassades, palais, musées, université, cathédrale et églises, située à l’Est est en pleine rénovation, ce qui n’est pas aisé à cause d’un sous-sol spongieux (d’où la présence de tuyaux importants). L’avenue redevient un lieu très attachant, monumental et aussi vivant, où l’on reconstruit même le palais Hohenzollern en mêlant ancienne et moderne architectures.
Une visite pédestre trouve à chaque moment le souvenir du mur et ce n’est pas au fameux Checkpoint Charlie où de faux GI montent la garde comme en 1961 qu’on le voit le mieux mais plutôt à l’East Side Gallery, longue section avec des moignons peints par des artistes contemporains mais que déjà les grandes entreprises vont submerger de leurs locaux.
Autres souvenirs émouvants : de petites plaques rappelant les demeures de familles juives englouties par le nazisme. Mais le génocide est surtout commémoré par un étrange et fort monument constitué de sortes de cubes placés côte à côte sur un terrain volontairement inégal. Un peu plus loin, les tziganes assassinés ont aussi un monument invitant au recueillement.
Les grands musées de Berlin sont en bordure de l’avenue Unter den Linden dans ce qu’on appelle l’île des musées. Ils montrent la puissance des archéologues allemands qui exhumèrent en Asie Mineure et en Égypte de fabuleuses pièces (le buste de Néfertiti, la grande porte de Babylone, le portique de Milet). La rénovation complète est loin d’être achevée : manque à la visite l’autel de Pergame. L’appartement privé de la chancelière est juste en face de ces musées, gardé par deux policiers débonnaires !
La famille royale puis impériale des Hohenzollern vivait surtout à Potsdam, aujourd’hui jolie ville de banlieue classée à l’UNESCO. Parmi les nombreuses demeures et palais nous avons visité le château de Sans Souci(sic) voulu par Frédéric II, étrange construction pour un roi souvent solitaire mais féru d’Arts, français et italien, dont la tombe frappe par sa simplicité et son voisinage avec celles de ses chiennes. Le château de Cecilienhof est de 150 ans plus jeune : érigé dans un style composite pour le prince impérial (qui commanda le secteur de Verdun en 1916), il est surtout célèbre pour avoir hébergé la conférence entre les trois alliés qui devaient décider en 1945 du sort de l’Allemagne. Cette conférence est bien présentée de salle en salle.
Longtemps plus prestigieuse que Berlin, Dresde, surnommée la Florence de l’Elbe, est passionnante à bien des égards : ville baroque avec des églises tant luthériennes que catholiques, splendides, des palais et des musées somptueux contenant des collections d’orfèvrerie et de peintures exceptionnelles, dotée au XIXe siècle d’un opéra à l’acoustique remarquable, elle fut ravagée par un bombardement en février 1945 qui fit de très nombreuses victimes et laissa beaucoup de ruines. La reconstruction débutée par la RDA n’est pas terminée et est plus qu’intéressante pour sa façon de mêler ancienne et moderne architectures. L’église de la Frauenkirche a été magnifiquement refaite à l’identique par un travail d’une précision fantastique.
La Saxe fut le berceau européen de la porcelaine et la manufacture de Meissen maintient haut une tradition artistique très exigeante dont la renommée est mondiale. Les clients commandent des pièces depuis tous les continents, surtout l’Asie. Les prix sont à la hauteur de la qualité des pièces ! Ces deux villes nous ont montré comment juxtaposer des monuments anciens dont ne restent parfois que des lambeaux avec une reconstruction parfaitement moderne. Il en est de même avec l’architecture civile que les architectes du XXIe siècle adaptent à notre temps, en particulier dans la partie orientale de Berlin encore marquée par un urbanisme à la soviétique qui se métamorphose peu à peu. C’est à l’image de l’Allemagne qui gère son passé, même le plus douloureux, et se projette dans l’avenir avec une certaine hardiesse.
Cette Allemagne nous est apparue très accueillante et même francophile : la présence de touristes français cultivés plaisait au personnel des musées et des hôtels et l’engagement européen de la majorité de la population ne fait aucun doute, même si, à l’est surtout, on sent une certaine insatisfaction que les résultats des élections ont confirmée quelques jours après. Ce n’est qu’évidence pour les participants : nous avons été heureux de parcourir ces cités, heureux pour beaucoup de découvrir l’Allemagne contemporaine, heureux d’en partager quelques jours le quotidien.
Jean-Louis COPPERE
Photos : Albert DIAS