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Voyage en Limousin
08/06/16
Limousins d’origine ou d’adoption, nous avons, à la demande de la section, organisé totalement ce voyage de 6 jours dans cette région du Centre-Ouest méconnue, voire ignorée, le pays de l‘arbre et de l’eau, des vieilles maisons de granite, berceau de la culture occitane, profondément marquée par son passé riche d’histoire et de traditions, terre des arts du feu, du cuir et de la tapisserie, berceau des maçons qui ont construit nos grandes villes, patrie des troubadours et de grands hommes, région agricole de productions célèbres comme la vache limousine et les pommes et d’un artisanat reconnu, une terre de contraste à la fois attachante et déroutante, chaleureuse et fermée, accueillante et résistante.
Le circuit que nous avons proposé à nos amis amopaliens du Rhône ne figure dans aucun guide, dans aucun catalogue d’agence de voyages. Il est lié à notre vécu dans cette région, aux relations que nous y avons nouées et au regard que nous portons sur ce pays que nous aimons beaucoup et dans lequel nous séjournons de manière régulière.
Jeudi 2 juin : Lyon - Aubusson - St Léonard-de-Noblat – Limoges
Ce matin-là, nous nous sommes retrouvés à 34, Place Bellecour, où Georges notre chauffeur nous attendait, pour partir en direction de l’ouest. A La Villeneuve, nous sommes entrés en Creuse, un des trois départements qui, avec la Corrèze et la Haute-Vienne, constituent le Limousin. Notre première halte touristique s’est faite à Aubusson, terre des vicomtes d’Aubusson. C’est l’histoire de la tapisserie dans cette ville et dans ses environs qui en a fait sa renommée. Elle y atteint son apogée aux XVIe et XVIIe siècles, Colbert lui accordant le titre de Manufacture Royale. En 2009, l’Unesco a inscrit la tapisserie d’Aubusson au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Nous avons visité la Maison du Tapissier, ancienne Maison Corneille datant des XVe et XVIe siècles, qui tire ce nom d’une des familles emblématiques de la tapisserie d’Aubusson et qui abrite aujourd’hui l’Office de Tourisme. Nous y avons appris l’histoire de la tapisserie et Océane, lissière, nous a fait découvrir les secrets de son art. Employée municipale, elle réalise chaque année une œuvre devant les visiteurs en expliquant son travail. Cette année, la tapisserie intitulée « Licornes à la baignade » décorera, une fois achevée, la nouvelle piscine de la ville.
Après un déjeuner creusois fort apprécié par nos voyageurs, nous avons gagné St-Léonard-de-Noblat en Haute-Vienne. En chemin, nous avons évoqué la vie des maçons de la Creuse dont celle de Martin Nadaud, petit paysan creusois devenu député, ainsi que les nombreux travaux qu’ils ont effectués à Lyon. Nous avons rappelé qu’Antoine Charial, fondateur de la coopérative l’Avenir, était né en Corrèze et que Pierre et Eugène Pitance, fondateurs de l’entreprise qui porte leur nom, étaient originaires de la Haute-Vienne.
A Saint-Léonard-de-Noblat, accompagnés par Philippe et Sylvie, nous avons visité la collégiale. Édifiée au XIe et XIIe siècles, elle abrite les reliques de l’ermite Léonard. C’est un chef d’œuvre de l’art roman limousin. Elle fait partie du Patrimoine mondial de l’Humanité au titre des routes de Saint-Jacques-de-Compostelle (Saint-Léonard est une étape sur la Via Lemovicensis « voie limousine », chemin de Compostelle au départ de l’abbaye de la Madeleine à Vézelay [Yonne], long de 1 690 km). Nous y avons notamment admiré le clocher ainsi que le tombeau de Saint Léonard surmonté de sa chaîne ; il avait en effet obtenu de Clovis le privilège de visiter les prisonniers et de libérer ceux qu’il jugeait dignes de cette grâce.
Saint-Léonard-de-Noblat fait partie des villes limousines dans lesquelles se déroulent tous les 7 ans les Ostensions. Elles s’y étaient tenues le 8 mai et la ville était encore décorée des couleurs de son Saint Patron. Les Ostensions regroupent de février à novembre des dizaines de milliers de personnes dans plus d’une quinzaine de villes de Haute-Vienne. L’origine en est l’an 994 durant lequel le Limousin fut frappé par « le mal des ardents ». Les reliques de Saint Martial, évangélisateur de la région et premier évêque de Limoges, furent exposées dans la ville durant plus de 15 jours. L’épidémie diminua, on parla alors du « miracle des ardents » et le culte des Saints s’est développé jusqu’à ce jour. Les Ostensions septennales limousines vivent cette année leur 72e édition, la première après leur inscription en 2013 sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l'Unesco.
Notre visite à Saint-Léonard s’est terminée par celle d’une fabrique de massepains. M. Coignac nous a expliqué la fabrication et l’histoire de cette très ancienne spécialité locale à base d’amande, de sucre et de blanc d’œuf très prisée des pèlerins et que tous les amopaliens ont trouvé délicieuse.
Vendredi 3 juin : Limoges
Après une nuit dans le confort douillet de l’Hôtel Saint Martial à Limoges, nous avons rejoint Anne, notre guide, devant le parvis de la cathédrale Saint-Etienne de Limoges, située dans le quartier de la Cité. Nous avons pris connaissance de l’histoire de la ville, sa création vers l’an 10 par les Romains sous le nom d’Augustoritum (le gué d’Auguste) qui compta à cette époque plus de 15 000 habitants avec thermes, forum, théâtre et arènes (les 4èmes plus grandes en Gaule). Au Ve siècle, la cité de Limoges administrée par les évêques se forme dans le quartier de l’actuelle cathédrale avec l’abbaye de la Règle. Vers l’an 1000, autour du tombeau de Saint Martial, se développe le quartier du « Château » qui draine un nombre important de pèlerins, qui devient un lieu d’échange et qui abrite la résidence des vicomtes de Limoges. Ces deux quartiers sont séparés, comportent des remparts ; le quartier du « Château » devient prédominant avec l’abbaye Saint Martial qui devient aux Xe-XIe siècle un des grands centres culturels d’Aquitaine. Ces constructions comme les édifices gallo-romains, ont pour la plupart disparu. La construction de la cathédrale Saint-Etienne actuelle a duré 6 siècles (du XIIIe au XIXe) et sa flèche construite plusieurs fois est inachevée. On peut y admirer le portail Saint Jean, un magnifique jubé, des vitraux, des chapelles, la statue de « Notre Dame de pleine lumière », vierge noire, réalisée en 2009 par Léa Sham’s et Alain Duham, deux maitres émailleurs. Notre matinée s’est terminée par la visite de la remarquable collection d’émaux du musée des Beaux-Arts. Apparue au XIIe siècle, la production émaillée limousine réalisée selon la technique du champlevé comporte principalement de magnifiques objets de culte (châsses, croix, reliquaires…). Nous avons eu le loisir d’admirer les plus belles pièces et de voir les évolutions des techniques employées (champlevé, cloisonné, peints, grisaille) avec les précieuses explications de notre guide. Nos visiteurs ne sont pas non plus restés indifférents devant les œuvres de Marc Petit, sculpteur contemporain, exposées dans les allées du jardin de l’Évêché.
Après un déjeuner revigorant dans un restaurant du quartier, le groupe a retrouvé Jean-François Vignaud de l’Institut d’Études Occitanes de Limoges qui depuis 10 ans enseigne, collecte et conte ce qu’il sait des traditions et des gens de son pays. Les participants ont partagé avec lui une balade contée le long de la Vienne, entre le pont Saint-Etienne et le pont Saint-Martial, dans le quartier des « Ponticauds », puis dans les rues médiévales du quartier de la Cité avec les maisons des lavandières et Notre Dame du « battoir ». Là, ils ont appris comment le troglodyte est devenu le roi des oiseaux (reibeneit en occitan) et les plus téméraires ont continué leur promenade jusqu’au quartier du « Château ».
Le, soir tout le monde s’est retrouvé autour d’un menu local aux « Tables du bistrot » installées dans une ancienne ferme où nous avons pu admirer en entrant Marguerite, une superbe vache limousine…
Samedi 4 juin : Limoges
Après une nuit réparatrice à l’hôtel Saint Martial, nous avons retrouvé Anne, notre guide, pour une visite du quartier du « Château » : la chapelle jésuite du lycée Gay-Lussac, le pavillon arts déco du Verdurier, la Cour du Temple, l’église Saint Michel des Lions qui abrite les reliques de Saint Martial, Sainte Valérie et Saint Loup, le quartier médiéval de la boucherie, corporation particulièrement puissante à Limoges avec la chapelle Saint Aurélien, la place de la Barreyrette et bien sûr la rue de la Boucherie.
Nous avons déjeuné dans les Halles Centrales situées sur la Place de la Motte. Construites entre 1885 et 1889 par des élèves d’Eiffel, elles sont classées monument historique. Nous nous sommes rendus ensuite au musée Adrien Dubouché où nous avons admiré les plus belles collections de porcelaine de Limoges. Nous avons également visité le four des Casseaux situé sur les bords de la Vienne. Là, un guide nous a expliqué les dures conditions de travail des ouvriers de la porcelaine. Il faut rappeler que Limoges a connu de nombreux mouvements ouvriers, qu’en septembre 1895 a eu lieu dans cette ville le congrès constitutif de la Confédération Générale du travail (CGT). Tous ces événements ainsi que les grandes grèves de 1905 firent de la ville « Limoges, la Rouge ».
Dimanche 5 juin : Oradour-Sur-Glane - Circuit dans le Parc National Régional du Périgord limousin - Brive-la-Gaillarde
Nous avons quitté Limoges et nous sommes dirigés vers le village d’Oradour-sur-Glane. Nous avons tout d’abord effectué la visite guidée de l’exposition au Centre de la Mémoire. Particulièrement bien documentée, elle retrace tout le contexte historique de cette période, centrée sur cet événement tragique du 10 juin 1944 dont un film particulièrement poignant retrace le déroulement et qui fit 642 victimes innocentes. Nous avons ensuite parcouru les ruines du village martyr. Cette matinée fut un moment de souvenir et d’émotion pour tous.
Après un repas du terroir particulièrement soigné chez Jacques et Betty à Oradour-sur-Vayres, nous avions réservé trois rencontres surprises à nos voyageurs au sein du Parc Naturel Régional Périgord-Limousin.
- Tout d’abord, le retour fort apprécié de Jean-François Vignaud pour la visite des Bonnes Fontaines de Cussac. Leurs eaux sont censées guérir diverses maladies et cette tradition perdure encore aujourd’hui. Dans cette belle châtaigneraie, Jean-François nous a gratifiés d’une histoire dont il a le secret et tous nos voyageurs savent maintenant pourquoi le lion a quitté le Limousin pour l’Afrique : c’est à cause du « greu »…
- Ensuite, la visite de l’atelier de décoration sur porcelaine de notre ami Alain, situé dans un hameau de la campagne limousine. Avec son associé Michel, ils nous ont fait une démonstration et nos voyageurs ont découvert que dans ce petit coin perdu de campagne, on pouvait trouver une micro entreprise qui travaille pour un grand bijoutier de Limoges et exporte d’autres pièces peintes à la main jusqu’aux États-Unis.
- Enfin la visite de la ferme de nos amis Jean-Claude, Monique et leurs enfants Nicolas et Amélie. Ils élèvent des vaches limousines, une occasion pour nos voyageurs d’échanger avec le monde rural.
En fin de journée, nous avons gagné Brive en passant par Châlus, célèbre à plus d’un titre. Ce fut pour nous l’occasion d’évoquer tout d’abord Richard Cœur de Lion qui y fut mortellement blessé le 6 avril 1199, ce qui changea le cours l’histoire, puis Pierre Desproges dont la famille est originaire de cette petite ville et qui y séjourna de nombreuses fois. Le collège porte d’ailleurs son nom.
Lundi 6 juin : Brive-la-Gaillarde - Collonges-La-Rouge - Turenne – Beaulieu-sur-Dordogne- Brive-la-Gaillarde
Ce matin-là, Élodie, notre guide, nous attendait à l’hôtel Kyriad de Brive après le petit déjeuner. Au programme de la matinée la visite de 2 villages corréziens classés parmi les plus beaux de France : Collonges, devenue Collonges-la-Rouge en 1969 à cause de la couleur du grès de ses maisons qui contient un pourcentage élevé d’oxyde de fer. Ce fut un plaisir de la parcourir en début de matinée sans beaucoup de touristes. Puis Turenne, perchée sur une butte du Jurassique. Forte au IXe siècle de 100 000 âmes, cette vicomté est restée indépendante du royaume de France jusqu’en 1738.
Cette matinée, fut marquée hélas par les chutes de 2 personnes du groupe ; nous avons dû les accompagner à l’hôpital de Brive. Nous espérons qu’à l’heure de la publication de ces lignes Marie-Thérèse et René sont rétablis.
Le groupe a poursuivi son trajet vers Beaulieu-sur-Dordogne après un déjeuner périgourdin à l’auberge de Cartassac.
Au haut Moyen-âge, Beaulieu était un petit village de pêcheurs et d’éleveurs, sur un méandre de la Dordogne. Rodolphe de Turenne y fonda une abbaye. À la fin du XIe siècle, elle se voit dotée de nouvelles constructions ; c’est le chantier de l’abbatiale et de son porche sculpté dont le monumental tympan est achevé en 1130. Dès la fin du XIIe siècle, un bourg se constitue et la ville est dotée d’une enceinte fortifiée. Beaulieu devient une place commerciale importante. L’histoire de Beaulieu est intimement liée à celle de la Dordogne et à partir du XIXe siècle, la pêche laisse place au transport en gabares, tradition qui a perduré jusqu’en 1936, date de l’arrivée du chemin de fer. La promenade en gabare initialement prévue a malheureusement dû être annulée à cause du débit trop important de la Dordogne.
Notre journée s’est terminée par un excellent repas à la Roche de Vic.
Mardi 7 juin : Brive-la-Gaillarde - Aubazine- Circuit dans le massif des Monédières - Lyon
Nous nous sommes réveillés à Brive sous l’orage et sommes partis vers Aubazine sous un ciel gris. À notre arrivée le soleil est apparu, sans doute une intervention d’Etienne !
C’est au XIIe siècle que le lieu d’Obazine, du latin Obazina (forêt épaisse), entre dans l’histoire. Vers 1135, l’ermite Etienne de Vielzot choisit ce modeste replat pour implanter un monastère puis à 600 m de là, dans l’étroit vallon du torrent du Coyroux, un autre monastère, destiné aux femmes. En 1147, l’Obazine-Coyroux appartient à l’Ordre cistercien. Les cisterciens, excellents hydrauliciens, réalisèrent également, à 1,5 km d’Obazine, sur la partie amont du Coyroux, une capture d’eau à partir de laquelle ils aménagèrent un canal - le célèbre Canal des Moines - qui alimentait un vaste vivier avant d’aller actionner trois moulins échelonnés sur la partie aval de son cours. C’est sous la clarté d’un ciel après l’orage que nous avons effectué la visite de l’abbaye, guidés par une moniale dont la présence et les commentaires nous ont tous captivés. Les plus vaillants d’entre nous ont ensuite effectué la promenade le long du Canal des Moines pendant que le reste du groupe visitait l’espace cistercien puis l’église.
À 13h, nous avions rendez-vous au restaurant du Saint Etienne, accueillis par le maître des lieux, Jean- Louis Sol, dans une salle au décor magnifique avec un menu de roi, terminé par un délicieux soufflé au noix, spécialité de la maison.
C’est beaucoup plus tard que prévu que nous avons repris la route pour Lyon. Etienne n’ayant arrêté la pluie que pendant notre séjour à Aubazine, nous sommes repartis sous les ondées orageuses. Cela ne nous a pas permis de faire le détour initialement prévu dans le massif des Monédières.
Il est dit que ce sera peut-être pour une autre fois, dans sept ans, pour les prochaines Ostensions…
Nous remercions tous ceux qui nous ont aidés dans la préparation et la réalisation de ce voyage, tous les participants qui en ont fait la réussite dans une ambiance chaleureuse et amicale, sans oublier Georges, notre chauffeur, pour son professionnalisme, sa disponibilité et sa gentillesse.
Jean-Marie & Michelle Pallier
Photos : Gilles Janodet & JM Pallier