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Dès que notre guide Agnieszka nous prend en main à notre arrivée à Varsovie, nous sommes plongés dans l’atmosphère du pays ; le martyre est un élément majeur de l’histoire de la Pologne. Trois éléments dans cette histoire sur fond de fierté nationale : les invasions et la mouvance des frontières voire la disparition du pays, la résistance du peuple polonais et le martyre des juifs. C’est pourquoi nous verrons beaucoup de monuments, de statues de héros, d’églises aussi car le catholicisme incarne l’identité de la Pologne. Le patrimoine polonais n’en est pas moins riche au plan culturel et très ancré dans l’histoire européenne par ses palais, architectures urbaines et institutions diverses que nous aurons le loisir de visiter. C’est la seconde guerre mondiale qui est la plus présente dans la mémoire polonaise actuelle. L’occupation russe allemande et autrichienne au cours des siècles précédents sera surtout évoquée dans les musées avec des tableaux représentatifs de l’héroïsme polonais et de sa contribution à l’histoire de l’Europe. N’oublions pas le héros romantique cher au cœur des Polonais : Frédéric Chopin dont les « Polonaises » suscitent l’émotion et le savant Copernic, fierté du pays.
Dans le car qui nous conduit vers notre première visite les paroles de notre guide sur la ville de Varsovie sont celles-ci : Varsovie est une ville qui a été détruite presque entièrement pendant la seconde guerre mondiale. Si la ville qui, compte aujourd’hui 2 millions d’habitants, a l’aspect d’une capitale moderne avec ses gratte-ciel et sa circulation, tout au long de notre premier parcours, nous serons vite rattrapés par le passé en arrivant au Musée POLIN. Ce musée ultra moderne construit de 1995 à 2015 retrace l’histoire et le martyre des Juifs de Pologne. Dans le jardin qui l’entoure, le monument intitulé « Le peuple juif à ses guerriers » érigé en 1948 présente les deux faces de l’histoire, la bravoure de ceux qui ont lutté et à l’envers le martyre de ceux qui ont subi l’holocauste. La statue de Jan Karski rappelle que des Polonais ont sauvé des Juifs. Tout au long du parcours, on évoquera l’histoire des 400 000 Juifs qui habitaient Varsovie sur les 3 millions que comptait la Pologne, le ghetto et sa révolte en 1943, le massacre des officiers polonais à Treblinka.
Après avoir admiré de notre hôtel le gratte-ciel stalinien conservé du Palais de la culture, au milieu des tours ultra modernes, la visite de Varsovie commence par le monument aux héros de l’insurrection de 1944. Cette lutte acharnée et désespérée s’est terminée dans le sang juste avant l’occupation du pays par l’armée rouge. Elle est évoquée avec amertume au regard des années de régime communiste où le pays a souffert.
Nous arrivons aux remparts de briques rouges avec leur barbacane imposante avant d’aborder le cœur de la vieille ville entièrement reconstruit à l’identique en commençant par la place du Marché aux façades surélevées colorées et pittoresques. Le centre, occupé par des cafés aux vasques fleuries réserve une place à la petite sirène, symbole de la défense de la ville. Plus loin, La colonne Sigismond se dresse sur une perspective large allant du château à l’allée royale, prestigieuse avenue qui relie la vieille ville au château de Wilanow.
Après une incursion pour admirer les rives de la Vistule, nous parcourons les rues pittoresques de la vieille ville avec ses nombreuses églises baroques et sa cathédrale, qui abrite les plaques commémoratives des héros patriotes, avant de nous diriger vers le Parc Lazienki*. Nous commençons par la statue de Chopin*. Nous cheminons à travers le parc pour arriver à l’orangerie puis au Palais sur l’Ile du roi Poniatowski sur le beau plan d’eau où flânent les embarcations.
La promenade se termine par le palais Wilanow, le « Versailles polonais » merveille de l’art baroque marqué par la personnalité du roi Jean III Sobieski. Avant de visiter le château transformé en musée avec de très belles salles abritant du mobilier et une galerie de tableaux mêlant portraits et paysages, nous faisons le tour des abords du château, du jardin à l’italienne et du parc romantique à l’anglaise agrémenté d’une pagode. Le soir, nous assistons à un concert de Chopin*. Ce sera un moment de véritable ravissement à l’écoute des valses mazurkas et polonaises les plus célèbres.
Le lendemain commence par la visite du Château Royal, fidèle témoin de l’histoire de la Pologne depuis le XVIe siècle où régnèrent les rois, élus par la noblesse, de la République des deux nations : la Pologne et la Lituanie où une constitution fut votée en 1791. Maintes fois dévasté et pillé par les puissances qui ont occupé la Pologne, en particulier les Russes, il a abrité les gouvernements successifs avant d’être totalement détruit puis reconstruit après la seconde guerre mondiale. Ses deux façades sont différentes : coté Vistule, façade classique et jardin ; côté place, façade unie de brique rouge. À l’intérieur, on admire la salle du trône, les portraits des rois parmi lesquels Henri de Valois, les appartements royaux mais aussi une belle galerie de peintures avec notamment deux toiles originales de Rembrandt et des vues de la ville peintes par Canaletto (en réalité Bernardo Bellotto).
Nous prenons ensuite la route vers Cracovie avec une halte au sanctuaire de Jasna Góra à Czestochowa qui abrite la Vierge Noire. Ce sanctuaire, dont les origines remontent au XIVe siècle, est très fréquenté en particulier en raison de la présence du tableau de la Vierge Noire. Le monastère qui a subi les assauts au cours des siècles des Suédois et des Hussites a résisté aux pillages et a su conserver cette icône grâce aux restaurations successives des rois de Pologne. C’est l’emblème de la reconnaissance de la Pologne à Notre Dame. Les Polonais, comme les étrangers, la vénèrent en ce lieu, la foi catholique étant un élément de l’identité polonaise
Nous voici à Cracovie, la ville aux 104 églises, heureusement préservée des destructions du XXe siècle. La ville est très ancienne, on trouve son nom au VIIIe siècle comme cité fortifiée de l’Etat des Vislanes. Se libérant de l’emprise des ordres teutoniques, marquée par l’hommage du grand maître sur la grande place du marché de Cracovie au roi Sigismond 1er, elle connut une apogée militaire et économique devenant capitale de la Pologne sous la dynastie des Piast et des Jagellon. À son apogée au XVIe siècle, elle rayonne au plan culturel avec son Université Javellonne* qui s’honore d’abriter le savant Copernic, elle participe activement à la Renaissance et à l’humanisme en Europe. Elle a gardé tout son attrait aux périodes sombres de l’histoire de la Pologne avant de connaitre la persécution des Juifs au XXe siècle.
La vieille ville
Notre hôtel se situe à la limite de la vieille ville que nous abordons par les remparts. Cette enceinte protégeait la ville au Moyen Âge des incursions des Tatars avec 47 tours et huit portes. Détruits au XVIIIe siècle, les remparts ont fait place au Parc des Planty. Il n’en reste que la portion de muraille attenante à la porte Saint Florian et trois tours dites des menuisiers, des charpentiers et des merciers. Nous pénétrons sur la place du Marché* divisée en deux par la Halle aux Draps.
L’église gothique de Sainte Marie* dresse ses deux tours dissymétriques.
Cracovie s’enorgueillit de son Université Jagellonne* qui date du XVe siècle : le Collégium Maius et le Collégium Novum.
Nous visitons encore l’église Sainte Anne, église universitaire de style baroque chargé voire surchargée d’or et de stucs avec un maître autel à colonnes, une chaire décorée de motifs d’angelots et le remarquable tombeau de Saint Jean de Kęty : un sarcophage porté par quatre personnages représentant la philosophie, la théologie, le droit et la médecine. L’église des Franciscains de style néogothique abrite le vitrail moderne de la création du monde et une représentation de Maximilian Kolbe, martyr déporté à Auschwitz qui sauva la vie d’un père de famille. Signalons encore sur Ulica Grodzka, parcours touristique obligé, l’église Saint Pierre et Paul de style baroque avec la représentation en façade des apôtres et qui fait face à l’église Saint André dans une magnifique perspective.
Notre périple de la vieille ville s’achève par l’origine même de la ville de Cracovie : la colline du Wawell qui abrite la cathédrale et le Château Royal*.
Les lieux de mémoire des Juifs de Cracovie
Les Juifs étaient établis dans le quartier du Kazimierz situé dans une anse de la Vistule. Ce territoire leur avait été accordé comme ville autonome par le roi Casimir le Grand au XIVe siècle. Ils y demeurèrent jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Ce quartier est empreint d’une atmosphère particulière où la culture juive renaît. Nous visiterons la synagogue et le cimetière de Remuh et ses tombes très anciennes à la belle architecture. Le mur des lamentations s’orne des fragments de tombeaux anciens. Quelques sépultures ont été restaurées dont celle de Remuh, philosophe et rabbin du XVIe siècle.
La mémoire des Juifs, c’est aussi les traces du ghetto où sur 20 hectares, entre des murs dont certains vestiges sont conservés, ont été parquées environ 3 000 personnes. Il existait heureusement certains hommes qui tentèrent de sauver les juifs. C’est ce que nous découvrons dans l’ancienne usine Schindler* transformée en musée. Le comble de l’émotion sera la visite du camp d’extermination d’Auschwitz Birkenau où la tristesse nous étreint devant les lieux où les souvenirs de la vie atroce des détenus sont à la limite de l’insoutenable. Nous avons marqué notre passage par le dépôt d’une bougie.
Ceux qui ne nous ont pas accompagnés à Auschwitz ont visité la basilique des Paulins* et la crypte des grands hommes*. Ils se sont rendus également au musée Europeum*.
Quelques visites encore
La mine de sel gemme Wieliczka*, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, est un des plus anciens témoignages de l’exploitation de sel.
La ville nouvelle de Nowa Huta aux environs de Cracovie est le symbole de la ville idéale sous le communisme. Elle servait de résidence aux ouvriers du complexe sidérurgique destiné à relancer une industrie qui faute d’aide du plan Marshall devait tout à l’aide des Russes. La ville est belle car les ouvriers sont considérés comme les rois de la société communiste. Le quartier est en pleine renaissance. Nous visitons l’église de l’Arche du Seigneur construite par les habitants contre le pouvoir communiste. Elle présente une architecture originale avant-gardiste avec son fronton de béton en forme de voile et un beau décor intérieur moderne : crucifix chemin de croix et autel.
Ce compte rendu est un survol de nos visites. Vous trouverez dans les différents « coups de cœur », marqués d’une*, du recueil de nos activités des compléments plus détaillés et des impressions personnelles.
Jacqueline Dauphin
Photos Michel Gurgo et Jean-Marie Pallier