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Les américains dans la Grande Guerre
15/11/18
Conférence de Jean-Louis Coppéré
le jeudi 15 novembre 2018 à l'ESPE de l'académie de Lyon
Lafayette nous voilà ! Les États-Unis dans la Grande Guerre :
Comment évaluer pleinement leur rôle entre anachronisme et myopie ?
Image extraite du site http://centenaire.org
La contribution des États-Unis à la victoire de 1918 mérite d’être revisitée tant elle a suscité des réactions passionnées et alimenté un mythe tenace.
Pour éclaircir cet épisode important de la Grande Guerre, Jean Louis Coppéré a captivé son auditoire d’une quarantaine de personnes en procédant à son analyse détaillée, remise dans le contexte de l’époque.
Les États-Unis entre 1914 et 1917
- de la neutralité à la guerre :
En ce début de XXe siècle, les États-Unis s’affirment comme une puissance importante sur le plan économique notamment. Toutefois, il faut remarquer qu’ils sont encore largement tournés vers eux-mêmes. Les États-Unis se déclarent neutres, reprenant en cela la doctrine de Monroe du début du XIXe siècle. Depuis la guerre civile, que nous appelons Guerre de Sécession, dans les années 1860, le maintien d’une armée n’est pas une priorité et la diplomatie adopte une ligne de « médiation chrétienne ».
C’est une grande puissance sans flotte de commerce et sans armée dont les intérêts stratégiques sont ailleurs qu’en Europe (Amérique centrale et Pacifique). Le déclenchement de la guerre ne va donc pas les atteindre.
Le Président Wilson qui est au pouvoir est un homme du Sud, très religieux mais néanmoins réformiste. C’est un réformiste prudent par crainte d’aggraver les divisions communautaires qui persistent dans la société américaine multi culturelle et d’origine diverse.
Toutefois, le blocus décrété par Londres et Paris sur le commerce avec les puissances centrales et les emprunts franco britanniques vont modifier la donne en privant les États-Unis de débouchés commerciaux et de fonds d’investissement.
- de l’aide humanitaire à l’engagement :
La population américaine n’est pas indifférente au sort de l’Europe car nombre de ses ressortissants sont issus de l’immigration européenne (Grande Bretagne, Irlande, Allemagne et Europe de l’est). La compassion pour la détresse des populations concernées par la guerre en Belgique et en France va susciter l’engagement de volontaires. Le naufrage dramatique du paquebot Lusitania qui abritait de nombreux américains a provoqué un grand émoi. L’interdépendance des économies américaine et alliée qui suppose des échanges matériels et humains est mise à mal.
L’Allemagne va alors commettre deux fautes majeures :
- En janvier 1917 l’Allemagne déclare la guerre sous-marine totale. En effet les généraux allemands étaient décidés à couper les vivres à La Grande Bretagne : ils espéraient ainsi obtenir une victoire rapide avant la mobilisation des troupes américaines, inévitable du fait de la destruction probable des bateaux américains.
- En février 1917, le télégramme codé du ministre allemand des affaires étrangères, Arthur Zimmermann, à l’ambassadeur d’Allemagne à Washington, lui demandant de proposer au Mexique un soutien militaire s’il envahissait les États-Unis, va déclencher la fureur des américains.
Le Président Wilson dans son discours du 2 avril 1917 sur la défense de l’Union, et le vote le 6 avril de l’engagement américain dans la guerre vont concrétiser la position américaine. Les États-Unis se déclarent associés à la guerre mais pas alliés.
Quelle est la situation en Europe en 1917 ?
En avril 1917 on compte 180 divisions alliées au combat contre 152 divisions allemandes. Mais les troupes françaises et britanniques sont épuisées et l’effondrement russe va ramener des troupes allemandes sur le front de L’ouest. Il y aura 192 divisons allemandes et 171 divisions alliées à la fin de 1917. Au milieu de l’année 1918 l’Allemagne alignera 203 divisions à l’Ouest. La situation est donc critique, il y un grave besoin de crédits et de troupes fraîches.
Le choix français est de former des hommes d’abord qui seront équipés par la France et formés sur place.
L’Armée américaine, des boys engagés et « endoctrinés » :
La conscription est décrétée. On mène une intense propagande sur la défense des valeurs de la démocratie contre la barbarie. La mobilisation économique agricole et industrielle se met en place. On construit une flotte de transport et on développe en France une logistique puissante, point fort des États-Unis mais qui mobilise beaucoup de bras.
La doctrine militaire est inadaptée et assez jalouse de son autonomie. L’armée américaine dirigée par le Général Pershing débarque en France et déclenche l’enthousiasme des populations. Elle apporte un sang neuf et elle est dotée d’un équipement puissant : tentes, matériel, vivres. Mais elle tarde à se mettre en opération car elle privilégie l’organisation qui demande du temps et des hommes. Ce sont les alliés qui équipent les troupes en matériel notamment les chars Renault et les avions Spad.
Les engagements au front :
Au cours de l’année 1918 les effectifs américains montent en puissance : 284 000 hommes en Mars, 1,1 million en Août dont 400 000 au front. En octobre 1918 la balance des forces en présence s‘inverse : on compte 210 divisions alliées dont 42 américaines contre 198 divisions allemandes à bout de force.
Le bilan proprement militaire des troupes américaines est médiocre. On compte deux engagements symboliques à Cantigny et Bois Belleau en avril et juin 1918, tests pour Pershing et Ludendorff. La valeur individuelle des soldats américains est remarquable. Leurs lourdes pertes notamment en Lorraine en attestent.
De la propagande à la mythologie :
L’intervention des États-Unis doit être mesurée à l’aune des effets qu’elle a produits. L’avance des alliés dans les sciences humaines, l’emploi de termes porteurs et mobilisateurs, relayés par la propagande française, ont contribué à renforcer le moral des alliés, poilus et civils. Le but de détruire la confiance de l’armée allemande dans la guerre a été atteint.
Mais cette réussite a faussé le jugement. Le bilan militaire de l’armée américaine a été très inférieur à celui des français, britanniques, italiens et même russes. Le bilan économique en revanche est évident : l’intervention américaine a renforcé l’arrière en l’approvisionnant en vivres notamment.
Le mythe du sauveur américain est créé. Il va être amplifié par la seconde guerre mondiale où le rôle des États-Unis sera largement prédominant.
Jacqueline Dauphin
Photos : internet