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Conférence de Jacqueline Desselle-Marinacce
le mardi 20 mars 2018 à l'ESPE de l'académie de Lyon
C’est la deuxième fois que nous allons nous retrouver, à l’AMOPA, pour évoquer la figure de Marie Curie. Mais si, lors de la conférence sur les particules élémentaires donnée l’an dernier, cette grande scientifique apparaissait dans le cortège prestigieux des grands découvreurs du cœur de l’atome, il s’agira aujourd’hui de tout autre chose…
Parmi la quarantaine d’auditeurs, bien des visages me sont maintenant connus, et c’est dans une ambiance très amicale que la séance commence, non sans les caprices habituels du vidéoprojecteur…Mais pas de stress : Jean-Marie Pallier est à la technique, et le met au pas !
Un très émouvant portrait de Marie Curie-Sklodowoska à la quarantaine ouvre la séance. Aujourd’hui nous allons prendre le temps de nous pencher sur son enfance, et essayer de trouver une réponse à cette question primordiale essentielle : Comment un pareil destin a-t-il pu se forger ? Pour cela nous allons faire un bond dans le temps et l’espace, avec des images d’archives de l’Institut Curie, allant d’abord en Pologne, à Varsovie autrefois sous la botte russe, et faire connaissance avec la fratrie des Sklodowski dont la benjamine est Maria, enfant manifestement surdouée sachant lire dès quatre ans. Le père est physicien alchimiste, et les appareillages scientifiques présents dans la maison ont précocement éveillé la curiosité de l’enfant. Mais le malheur va entrer ce lieu si riche d’échanges familiaux, Maria perdant à 10 ans coup sur coup sa sœur ainée et sa mère, se remettra très difficilement de cette double perte. Elle se reconstruira peu à peu grâce à ses études, brillantes, puis plus tard à ses activités clandestines à « l’Université volante ». Son goût qui s’affirme pour les Sciences la mènera à Paris, et ses études à la Sorbonne commencent à dévoiler son génie. Sa rencontre exceptionnelle avec Pierre Curie, qui fit entrer le magnétisme dans le domaine des sciences exactes, est un nouveau coup de pouce du destin. Nous savons comment ce couple fusionnel va accéder à l’immortalité, avec les travaux de Marie Curie sur la radioactivité, puis sur le Radium.
Nous allons ensuite nous retrouver en 1914. À cette époque, Marie, hélas précocement veuve, ayant deux filles Irène et Eve, est auréolée de la gloire de ses deux Prix Nobel, et sa renommée est grande, ce qui explique qu’un institut ayant été construit à la suite d’un legs important, la direction lui en soit confiée. À « l’Institut du radium », qui deviendra l’Institut Curie, travailleront en étroite collaboration physiciens et médecins. Mais l’actualité brûlante de cette année 1914 repoussera l’ouverture de l’Institut, car début août l’Europe est en feu.
Dès le début des hostilités, Marie pressent que cette guerre sera longue et dévastatrice, les blessures occasionnées par les éclats d’obus allemands provoquant rapidement la gangrène chez les blessés transportés dans les villes de l’arrière du front. Elle a l’idée extraordinaire d’utiliser sur le front même de la guerre, des appareils à rayons X, qui ne sont que des curiosités de laboratoire, pour des examens suivis de soins sur place aux blessés. Avec détermination, elle convaincra particuliers et officiels d’équiper des limousines d’appareils radiologiques fournissant les rayons X et leurs accessoires, et d’acheminer l’ensemble avec le personnel soignant au plus près des blessés, dans des délais très brefs. Les trois personnes à bord de chaque véhicule orné d’une croix rouge et d’un drapeau français, un chauffeur électricien, le médecin ou l’infirmier, l’assistant technique physicien, impatiemment attendus, sillonneront les routes défoncées du Front de la guerre, installant en hâte les appareillages dans des abris de fortune. En 1916, l’utilité des rayons X étant évidente pour les plus récalcitrants, tout le monde était convaincu du bien-fondé de cette initiative, qui sauva des milliers de vies. A la fin de la guerre, il y avait 800 manipulatrices, 150 manipulateurs et 400 médecins radiologues, et plus d’un million de blessés furent examinés au moyen de rayons X.
La radiologie avait conquis ses lettres de noblesse. Ainsi Marie Curie a initié toute notre imagerie moderne, impulsée par les voitures dites « petites Curie », espoir des blessés de retour de l’enfer du Front.
La petite polonaise, grande dame au faîte de sa gloire scientifique, a révélé dans ce tragique épisode de la Grande guerre, son génie et son esprit patriotique français.
Jacqueline Desselle-Marinacce